Du neuf avec du vieux...

12 octobre 2012

« Le vêtement est le prolongement de la personnalité » : cette citation lourde de sens n’est pas tirée de la dernière chronique de BHL dans le Point, mais provient d’un édito de Chill pondu par Nico Malinowski dans les années 2000. Comme son nom ne l'indique pas, Nicolas Malinowski n'est pas un philiosophe, mais plutôt un artiste des temps modernes. Il n'empêche que cette phrase résonne comme une sentence. Alors même si cet édito date un peu maintenant, il est toujours d'actualité puisque la mode, n'en déplaise à certains, est un cycle.

De là découle la question, existentielle pour certains : est-il nécessaire d'être à la mode ? Cette question ne peut être tranchée par un oui ou un non intransigeant : en effet, il s'agit dès lors de nuancer le propos. Je ne suis pas de ces gens qui prônent la décroissance, qui espèrent qu'on retombe tous à l'âge de Pierre, de ceux qui s'imaginent vivre dans un communisme de la consommation. A l'opposé, je ne suis pas non plus de cette caste branchée-bobo qui ne vit que pour être à la mode, ceux pour qui la mode ne peut être que neuve. A vrai dire, je me situe plus ou moins à mi-chemin entre les deux, le cul entre deux chaises, diront certains d'entre vous.

La mode n'est pas une chose détestable en soi, il y a quand même des choses utiles et agréables qui sortent ces derniers temps. Ce qui est plus regrettable et, partant de là, critiquable, c'est cette frénésie qui entoure la Mode avec un grand M, frénésie qui se manifeste par exemple par la foule qui se précipite annuellement pour la sortie d'un nouvel iBidule ou par le rabattage médiatique autour de la fameuse "Fashion week" de Paris...

Si cette frénésie est avant tout marquée par la compulsion, elle peut aussi être caractérisée par l'absurdité, a fortiori chez ceux pour qui vivre à la mode est un mode de vie. C'est finalement ce qui fait le business des grandes marques qui font leurs marges en vendant plus cher un jean simplement estampillé Gucciotte ou Temps des Crises alors que ledit produit ressemble à n'importe quel autre jean. Le plus absurde, c'est quand le produit est vendu avec des imperfections volontaires pour faire vieux alors que justement il est tout neuf. Victime de son environnement publicitaire, le client hype est donc fier d'exhiber un produit totalement neuf sur le ticket de caisse mais d'aspect vétuste.

Si la mode surfe volontiers sur cette vague "Nouveauté", elle flirte aussi pas mal avec l'esprit vintage, d'où un certain paradoxe ayant cours ces derniers temps, selon lequel le vintage, c'est-à-dire le vieux-faux, redevient à la mode. Tout le problème est là : la mode étant cyclique, les produits sont amenés à redevenir à la mode de temps à autre. Citons à titre d'exemple la Converse All-Star, chaussure emblématique des années 70-80 portée par des générations de jeunes et qu'on relie souvent aux mouvements contestataires en oubliant que Converse a fourni pendant longtemps l'US Army en boots... En fin de compte, la Converse est une chaussure bonne à trainer au fond d'un placard en attendant de ne plus être in.

Le mouvement vintage, comme tout mouvement, se cherche des icônes que ce soit des objets ou des personnes. C'est ce qui explique la commercialisation d'objets tels la Mini Cooper qui descend vaguement de l'Austin ou d'objets plus banals comme les sucriers sphériques qu'on voit dans les dinners américains ou comme les vieux téléphones à rondelle en bakélite. C'est d'ailleurs ce dernier objet - qu'on a tous connu dans nos jeunes années - qui a inspiré le tout nouveau téléphone proposé par Orange... Au même rang que ces objets désormais "icôniques", on trouve des personnes qui tente de se hisser sur la scène vintage, à commencer la paradoxale Lana Del Rey qui fait sa pub en reprenant des thèmes directement issus d'un passé plus ou moins lontains afin de "faire du neuf avec du vieux", comme en témoignent ses clips, à commencer par celui de "National Anthem" où elle fait revivre Marilyn ou Jackie Kennedy.