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  • Blablabla. Avec un titre pareil, vaut mieux que tu viennes voir ça par toi-même non ? Précisons d'emblée que cette production demeure indépendante de tout média, de tout parti politique, de toute entreprise et de tout lobby.
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9 novembre 2013

A livre ouvert

Attention, ceci est un article susceptible de passer pour un pamphlet réactionnaire aux yeux de mon lectorat le plus hype...

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C'est assez symptomatique de notre société : y'a un "sondage" qui revient fréquemment dans la presse populaire, c'est "les 3-5-10 objets que vous emporteriez sur une île déserte"... Là, les réponses sont effrayantes de diversité entre ceux qui emportent un masque et un tuba et celles qui prennent de la crême solaire et du mascara. Remarquons d'ailleurs que quand on dit "île déserte", la plupart des personnes pensent "île au soleil" : qui est motivé pour aller faire bronzette sur la Nouvelle-Zemble ?

Bref, dans ce genre de questionnaire, le livre revient rarement, sauf si c'est "Littérature magazine" qui publie les résultats. Dans le meilleur des cas, les gens emportent un baladeur numérique où l'on peut espérer trouver des livres audio... Non là, je parle d'un livre en papier avec des feuilles imprimées dedans, une couverture soigné et un contenu un tant soit peu intelligible... Disons que les mémoires de Kim Kardashian ne comptent pas ! Vous savez le livre, c'est cet objet que certains qualifieront volontiers de ringard, le truc qui sert à faire tenir les bibelots sur les étagères du salon.

Alors oui, c'est vrai que le livre est un vieil objet qui n'a que peu évolué depuis un demi-millénaire, mais bon c'est pas une raison pour le mettre au rebus. Imaginez si un demi-siècle après leur élaboration, les Chinois avaient décidé de démonter leur muraille, si De Vinci avait demandé à ce qu'on bazarde Mona Lisa dans les prochaines années, y'aurait peut-être un petit débat. Après, on va me dire qu'on ne peut pas mettre tous les livres au rang de la Joconde, ce à quoi je répondrai qu'on ne parle pas ici des mémoires de Paris Hilon.

Il y a de ça quelques mois, un matin, j'entends à la radio une émission où Paul Veyne est invité. Là, je me dis que j'en ai de la chance (!), c'est quand même le grand Paul Veyne, un des grandes pointures de l'histoire romaine. Mais qu'elle ne fut pas ma déception quand j'ai réalisé l'ampleur du désastre. L'éminent intellectuel ne venait pas parler de ces travaux, mais de sa passion pour l'histoire de l'art. A cela, rien de dramatique sauf qu'il sape d'un trait tout l'édifice intellectuel qu'il a contribué à ériger par ces publications. En plus de sortir un livre (en papier et avec de l'encre et tout...), il a eu l'idée de pondre une version numérique, destinée à réinventer la lecture de livres d'art. Noooon, le mal est fait, le loup est entré dans la bibliothèque en quelque sorte.

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Sans vouloir contredire M. Veyne (chose que je ne me permettrais pas), ça rime à quoi ? Alors c'est sûr qu'à travers l'interface numérique, l'image ne subit pas l'altération au niveau du détail ou de la couleur et qu'elle permet aussi d'avoir les tableaux en direct sans avoir à courir les plus grands musées avec leurs inconvénients, mais concrètement, ne serait-ce pas un piètre argument de vente, destiné à faire rentrer l'art dans les milieux hypes où la tablettre a désormais remplacé un bon vieux bouquin.

Tu sais, tous ceux qui n'allaient pas au musée parce que c'est "rempli de vieux trucs" ne vont pas subitement acheter le livre électronique pour s'imprégner des plus grandes toiles de l'histoire. La fréquentation des musées a cela de particulier : pour trouver la toile qui va te mettre sur le cul, il faut faire la queue, acheter un billet, marcher dans le musée, regarder les tableaux et repérer le bon. Oh oui, c'est sûr ça fatigue et c'est looong, mais le jeu n'en vaut-il pas la chandelle. Après avoir déambulé dans les Offices de Florence, qu'est-ce qui est le plus mémorable la Naissance de Vénus par Botticelli ou la découverte de toute la peinture de la Renaissance ...?

Livre ou tablette

Alors oui, c'est vrai que la tablette peut avoir des avantages. Sur un même objet, on peut entasser des piles et des piles de livres. C'est un gain de place, indéniablement. L'achat de livres électroniques peut être un gain d'argent substantiel, mais encore heureux quand tu vois le prix de la "bibliothèque" ! En termes d'efficacité de travail, bénéficier de livres dématérialisés fait gagner du temps, les articles en pdf sont super pratiques pour aller à l'essentiel, mais bon dieu que c'est laid à regarder et ennuyeux à lire. A côté d'une tablette froide et impersonnelle, le livre a une odeur caractéristique, une texture bien à lui et parfois des petites imperfections qui font que chaque exemplaire est unique. Il est avant tout un objet : prêtez un livre à un ami, il le lire et vous le rendra ... ou le gardera pour le mettre dans sa bibliothèque ; envoyez-lui un e-book, il le lira et le gardera dans ses documents ... ou le mettra à la corbeille.

En fin de compte, le bouquin est à l'e-book ce que la charpente est au marteau : il est un objet riche et varié plus qu'un outil fonctionnel. Qui de nos jours expose chez lui ses tournevis ?

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