Club-House et Koh-Lanta

Ce weekend, j'ai encore vécu une de mes chères expériences sociologiques. Je devrais même parler d'une double expérience étant donné son caractère bien spécifique. Alors pour vous la faire courte, je connais plus ou moins vaguement par mes relations une personne qui, pour son plus grand bonheur, a été retenue pour participer à l'émission Koh-Lanta. Concernant cette émission de télé-réalité, je vous renvoie à Wikipedia qui a certainement dû pondre un article de grande qualité.

Quoi qu'il en soit, pour le lancement de la nouvelle saison, cette nouvelle star a décidé d'organiser une petite sauterie pour marquer le coup. Elle a donc réservé ce qu'on appelle par chez nous un club-house (prononcez [Cleubouz]) et a convié tous les gens susceptibles de vouloir assister à ladite soirée. Bien que réticent de prime abord, je me suis laissé tenter par la chose, y voyant une expérience sociologique inédite pour ma part. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que je ne m'étais pas trompé : imaginez une petite salle avec une buvette, des tireuses et un écran géant ; rajoutez-y tous les péquins du coin ; saupoudrez de conversations hautement pittoresques (voitures de sport, coupe de la Ligue, etc.) ; le tout agrémenté d'une émission de télé-réalité. Et hop, vous obtenez une soirée "Club-house" !

D'emblée, j'avais précisé que cette expérience était double pour moi. En effet, ma fréquentation des club-house tend largement vers zéro, autant vous dire que j'appréhendais cette soirée, hésitant longuement devant mon dressing pour déterminer la tenue qui fera le plus bel effet...  Nan je déconne, faut pas pousser non plus ! Mais c'est vrai qu'avant ce soir-là, c'était pour moi l'inconnu total. Mais maintenant je sais à quoi m'attendre.

La seconde expérience inédite était de suivre en entier une émission de télé-réalité. Même si le phénomène s'est répandu comme une trainée de poudre depuis les années 2000, je n'ai jamais eu l'occasion (ou la patience) de rester accroché à ce genre de production télévisuelle. Là pour le coup, ayant choisi de m'y rendre afin de m'ouvrir à de nouvelles sensations, je me suis pris au jeu. La première chose qui débecte, c'est quand même le rabattage médiatique autour, avec d'une part les teasers mettant l'eau à la bouche et d'autre part, tous les spots de pub qu'ils t'envoient en pleine face pour conquérir des "parts de cerveau disponibles".

Puis l'émission en elle-même : tout n'est pas à jeter. Tourné dans un décor à la "Apocalypse Now" qui envoie du lourd, ça scotche le spectateur et ça permet de du temps et de tirer l'émission en longueur pour l'agrémenter de pages de pub. En tant qu'émission de grand public, elle doit s'adresser au plus grand nombre : on recrute alors un panel représentatif de la population française pour que chacun se reconnaisse dans les "aventuriers". On a alors le Renoi de banlieue parisienne ; le plombier marseillais très inspiré ; le Normand qui bosse en usine ; l'ostréicultrice de Gironde ; la ménagère de plus de 50 ans de Genève ; le retraité bio de Bretagne, ...

Avec un tel échantillon, l'émission peut alors largement jouer sur le ressenti du spectateur. Résultat : le public se fait d'emblée une opinion sur les participants en se basant sur un spot de 4 minutes et sur les rares images d'ensemble. Et BIM on obtient des commentaires bien hargeux : les mecs balancent un truc sur le gars qui engueule sa partenaire et les nanas critiquent celle "avec les gros seins et les cheveux frisés". Je le sais très bien, j'ai d''ailleurs amplement critiqué cette émission sur les 2 heures de sa durée. Et puis, on attribue aussi des surnoms aux candidats en fonction de leur caractère et de leurs traits physiques.