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  • Blablabla. Avec un titre pareil, vaut mieux que tu viennes voir ça par toi-même non ? Précisons d'emblée que cette production demeure indépendante de tout média, de tout parti politique, de toute entreprise et de tout lobby.
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31 mai 2012

Appellation d'origine contrôlée

Malgré l'usage d'un vocabulaire tout polissé (Je renvoie les intéressés à un article spécialement dédié), les pratiques actuelles font que les personnes sont souvent désignées en fonction de leur lieu d'origine : on parle alors d'Asiat', de Breton, de Corse ou encore de reubeu. Il est aussi courant de recourir à l'origine sociale pour qualifier un "paysan" ou un "citadin".
De manière absolue, l'emploi de ces qualificatifs réduisent alors lesdites personnes à une seule souche. Qui peut, aujourd'hui, se targuer d'appartenir à un seul et unique milieu ? Qui est Parisien sur plusieurs générations ? Qui vit dans la même ville que ses parents, ses grands-parents, ses arrières-grands-parents ?  Bref, qui a réussi à passer au travers des mailles, ô combien nombreuses, de la mixité sociale ? Je plains sincèrement une telle personne.

A côté de ça, on constate qu'il y a aussi une sorte de palmarès au sein des milieu d'origine, hiérarchie variant selon les individus. Certains estiment que la crème de la crème, c'est d'être Français de Paris, d'autres Bretons de Guénolé, d'autres enfin Gitans du Grau-du-Roi... En tout cas, on constate qu'il existe des régions tendances : depuis 3-4 ans, c'est trop classe d'être ch'ti, tu fais l'objet de reportages, de films, de chansons et même, comble du phénomène de mode, d'une émission de télé-réalité... Auparavant, avouons que ça craigniat pas mal d'être de là-haut. Tu draguais bien plus en disant que t'étais de Paris ou de Nice plutôt que de Béthune ! Faut croire que les choses changent et c'est tant mieux.

Partant de là, on se rend compte de ce côté-ci des Vosges qu'on nous prend souvent pour des attardés, certains s'étonnant de choper le wifi ou de capter la TNT. Sachez que cette terre de passage qu'est l'Alsace ne compte pas que des Alsaciens. Découle alors la déception de ceux qui y voient un malheur... Il n'est pas rare de croiser des mecs arborant fièrement des T-shirts "100% Elsassisch" : ça me fait penser aux étiquettes collées sur les poulets du genre "Elevés en plein air" ! Contrairement à un bon bifteck, je ne suis pas une A.O.C. bien que ma traçabilité soit claire. Mi Alsacien, mi Méridional, j'ai été baigné dans deux cultures : j'ai un pied à Strasbourg, l'autre à Narbonne. En somme, je ne suis pas alsacien, mais plutôt d'Alsace. Il y a là une subtile nuance à saisir.

Albas

Alors, à tous ceux qui se vantent d'être "bien de chez eux", je leur passe le bonjour de partout....

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Commentaires
L
Vu l'ardeur de la tâche que tu t'es imposé en écrivant toutes ces lignes et tous ces articles, je me propose d'y laisser un commentaire.<br /> <br /> Si on identifie quelqu'un à une particularité précise, c'est qu'elle est souvent, justement particulièrement sensible. Un "Parisien" prend tout son sens quand tu as compris ce qui le sépare des petites gens de la Province comme nous. Un "noir" - terme dont les gens s'offusquent, lui préférant "black" sous prétexte que celui-ci est moins discriminatoire...les cons - résume parfois une personne, hâtivement peut-être, qui se détache de la masse par l'exception "de couleur" qu'il représente. Ce ne sont pas des définitions arrêtées mais des résumés, polémiques ou descriptifs, qui visent à identifier. C'est justement le problème de l'identité que tu abordes et que je veux aborder à mon tour. <br /> <br /> C'est après un fort infléchissement vers l'individualisme que la recherche d'identité se fait jour. Alors que l'homme vivait longtemps dans une communauté de taille plus réduite et que son horizon s'arrêtait - je vais exagérer - à l'orée de son village ou de son quartier, il n'y avait pas le même problème identitaire qu'aujourd'hui. On vivait bon gré mal gré avec notre environnement. L'individualisme qui a gangréné notre société a fini par accoucher de nouvelles mentalités. Dans une dérive extrême, ce qu'on appelait les "cosmopolites" (et dont tu sembles un peu, Philippe, à travers l'article et te connaissant, te revendiquer) ont été stigmatisés parce qu'ils ne paraissaient pas assez sensibles aux problèmes des gens simples qui forment la masse. <br /> <br /> Plus localement, le parisianisme et le centralisme en France ont écrasés les autres identités, pas pires, pas meilleures, qui composent notre pays. Qu'un type soit assez con pour porter un t-shirt "100 % Elsassisch", sans doute au goût douteux et à la fierté fébrile hérite de l'individualisme, mais hérite également du mépris que la Province a pu subir de Paris. Je ne défendrai pas ce con mais je le comprends. En Alsace, nos aïeux ne pouvaient plus s'exprimer dans la langue des leurs après-guerre.<br /> <br /> J'ai dit "nos aïeux" parce que justement, je me revendique Alsacien. Ce n'est pas une finalité, mais je le fais pour deux raisons. Premièrement, parce que j'hérite d'un patrimoine qui me dépasse et me transcende ; ma langue maternelle est l'alsacien, et je crois posséder une certaine mentalité locale. Aussi, je le revendique un peu en mémoire de tous ses hommes qui ont vécu dans cette région et qui seraient morts pour rien, un peu comme les Illyriens ou les Pictes, effacés presque totalement de l'histoire, vaincus. Ces hommes ont œuvré, produit, vécu, et ont droit à autre chose que l'oubli dont je m'efforce à mon échelle d'humain de les préserver, en m'exprimant dans la langue, en m'intéressant à leurs vies et leurs pratiques, et en les transmettant, un peu, à mon tour. Je suis attaché à la ferme familiale construite à la fin du XVIIIe siècle et restée dans la même famille depuis. J'en suis un peu fier, même si cette fierté est maladroite et déplacée. Ce n'est pas génétique, c'est culturel ; nostalgique aussi.<br /> <br /> Cette nostalgie tu la ressens au moins autant que moi ; l'histoire, que tu pratiques, c'est la recherche amoureuse du passé. Et s'il faut être à l'abri de toute dérive en la matière, je crois qu'on est naturellement fascinés et abasourdis pas le vécu de nos ancêtres. <br /> <br /> Aussi, je m'attache à donner une postérité à celui des miens.
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